mardi 5 novembre 2013

Un coup pour rien. Une solution qui a de la gueule : Sada--> Gwada en direct!

Bonjour à tous,

Que dire? Le désarroi que nous ressentions était à la hauteur des investissements gigantesques qu'un tel projet implique. La frustration engendrée par les retard et le faux-départ énorme.

Revenons sur le premier départ avant d'évoquer le futur, qui enfin s'éclaircit.

Premier départ

Nous sommes partis Mardi dernier pour Lanzarote, aux Aurores. les prévisions météo était pour une fois passable et nous pouvions sincèrement espérer passer le cap Finisterre au moment du briefing du Lundi soir.

Mardi matin, à 6 h, les fichiers étaient déjà moins optimistes... Mais qu'importe, il fallait bien partir et espérer.

A 9 h, le départ était donné dans la traîne de la dépression, avec des grains violents à plus de 30 noeuds. Mais s'atténuant assez rapidement. mon principal souci était d'éviter à tout prix une collision dans ces conditions difficiles. Car malheureusement, trois cartons avaient lieu en quelques minutes, occasionnant deux abandons et quelques retours au port.

De mon côté, la journée commençait moyennement puisque ma grand-voile se déralinguait (sortait de la goulotte du mât qui la maintient le long de celui-ci) et se déchirait légèrement au moment de renvoyer mon second ris (remettre de la toile). Rien de bien grave mais plus de 20 minutes de perdues. Avec ça, je suis sorti dans les derniers de la baie de Douarnenez, pour attaquer le raz de Sein dans une lumière fantastique, entre rayons de soleil, grains et arc-en-ciels.
Une bonne raison de repartir à l'attaque après ces premières heures calamiteuses.

J'ai alors choisi de rester proche de la route directe, sans glisser dans le Sud. Une erreur de plus. Le gain en distance était trop faible. Les bateaux ayant glissé allant beaucoup plus vite sur une route juste un peu plus longue.

Enfin dans la course, je commençais une remontée durant la nuit, qui me ramenait au contact d'un groupe composé de coureurs performants au petit matin, pour rester juste derrière eux jusqu'à l'arrivée.

La nuit était marquée par un triste incident de course puisque l'un de mes amis d'entraînement, Arthur, se voyait évacué après être tombé à l'eau, fort heureusement attaché et avoir fait démâté son bateau pour pouvoir remonter à bord. Une grosse frayeur et une grande déception puisqu'il construisait son bateau lui-même depuis six ans.

Les conditions étaient bien celles annoncées avec beaucoup de vent, mais surtout une énorme mer, résidu des deux dernières semaines de dépressions successives. Sans être vraiment malade, je n'ai rien pu avaler des 24 premières heures et ne me suis vraiment senti en forme qu'au bout de deux jours. Un début de course très violent, surtout après plus d'un mois passé à terre sans naviguer.

Dès le lendemain, la décision de rallier Sada était annoncée, sans trop de surprise au vu de l'accélération du passage de la dépression suivante.

Mais comme depuis le débit Octobre, la météo continuait d'imposer à la course sa loi et même l'arrivée à Sada devenait dangereuse pour presque deux tiers de la flotte. La direction de course prenait la sage mais très pénible décision d'annuler l'étape et nous demandait de rallier Gijon, présentant un abri sûr.

Nous y sommes depuis, attendant l'occasion de rejoindre les quelques bateaux passés à Sada avant la tempête. Nous passons le temps entre tapas et bricolage,creusant un peu plus nos endettements respectifs et attendant une décision claire sur l'avenir de la course

Et maintenant?

Après pas mal d'atermoiements, nous avons eu un briefing réellement intéressant hier avec l'organisation. bien qu'un peu houleux, il a permis de comprendre mieux les contraintes qui impactent la course et de proposer des solutions.

La contrainte logistique numéro 1 de l'organisation est désormais l'escale de Lanzarote. En effet, compte-tenu du retard pris pour des raisons météo légitimes, le port de Lanzarote n'est plus en mesure de nous accueillir après le 17 Novembre(nous devions normalement en reaprtir le 9, ils ont donc déjà fait un bel effort)

Partant de cette date butoir, l'organisation nous a présenté un rétro planning qui devait selon lui permettre de réaliser les deux étapes, même avec un timing serré. Mais celui-ci était complètement irréaliste et anti-sportif. Non seulement le départ de Sada était prévu dans un délai trop court après le convoyage pour que les coureurs soient reposés un minimum, mais en plus, le problème se trouvait reporté au Canaries, où l'escale aurait été ridiculement courte pour une majorité de coureurs et où une bonne partie de celle-ci serait arrivée après le départ de la deuxième étape.

Là, le vent de la révolte a grondé et les skippers ont exprimé leur volonté de faire une course digne de ce nom, pas une mascarade.

Partant de là, restaient deux solutions :


  • Annuler la mini Transat. Après tous les efforts et sacrifices que chacun d'entre-nous a fourni (vies privées compliquées, investissement totalement chronophage pendant deux ans, dettes (30 000 euros quand même en ce qui me concerne, et je ne suis pas le seul)), c'était juste inenvisageable.
  • Faire une unique étape, au départ de Sada et à destination de la Guadeloupe, avec un point de passage obligé au Canaries (sans arrêt) pour que les conditions de sécurité soient respectées.
Nous nous sommes donc quittés sur ces hypothèses, mais en ayant au moins clarifié nos attentes.


Verdict

Ce matin, au briefing de 10 h, Denis, le directeur de course, a mis fin à un suspense insoutenable, sous un tonnerre d'applaudissement.

La Mini Transat se courra entre Sada et la Guadeloupe, en direct! La plus longue étape de l'histoire de cette course, 3700 miles. Un morceau énorme, une aventure à la hauteur de nos attentes, un vrai aboutissement enfin après tant de difficultés et une météo vraiment peu clémente jusqu'à présent.

Départ le 11 Novembre (à confirmer)

On va enfin aller en Guadeloupe et avoir le bonheur de vivre ce rêve pour lequel nous avons tant donné.

Les problèmes logistiques à résoudre d'ici là sont nombreux, notre camion d'assistance étant aux Canaries, avec le méthanol pour les piles et la nourriture de la deuxième étape. Mais ce ne sont que les dernières péripéties avant le vrai départ.


Merci

Même s'il était compliqué de comprendre ce qui se passait, même si cette situation était frustrante pour vous aussi, Merci pour vos très nombreux mails de soutien. CA fait chaud au cœur quand on les retrouve à l'arrivée.

Mais ça y est, on est sur le point de traverser l'Atlantique pour de bon, moi sur mon bateau et vous derrière votre écran

2 commentaires:

  1. Trop contents de te savoir au "bord de ton rêve".
    Tiens bon la barre et tiens bon le vent …
    Nous sommes derrière nos écrans.
    Nous sommes tous avec toi
    Et rendez vous en Gwada !

    Gros bisous de nous tous !

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  2. Bravo, je te vois en course avec un classement honnorable mais ce n'ai pas fini. Bravo
    Ph DIEU

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