mardi 30 août 2011

Transgascogne juillet 2011 # Photos

Et voici quelques photos de la Transgascogne 2011


































Crédit Photos : sandrinepelletier - classemini

vendredi 5 août 2011

Transgascogne juillet 2011 #2

Bonjour à tous,

Voici le récit de cette deuxième étape, où nous sommes passés par tous les états.

Pour le départ, comme prévu, des petits airs, un peu de soleil et une bonne houle.

La procédure de départ dure huit minutes, durant lesquelles il faut placer le bateau par rapport à la ligne virtuelle créée par le bateau comité (à l'ancre) et une bouée mouillée un peu plus loin. Normalement, cette ligne est perpendiculaire à la direction du vent. Les bateaux partent donc au près, allure évoquée dans mon précédent mail.

Le but est de la couper au top départ, avec un bateau lancé et du vent frais. C'est à dire sans bateau devant. En effet, le vent est perturbé par le passage d'un bateau. Et ce flux perturbé, reçu par un autre bateau, est moins performant pour gonfler les voiles de ce dernier.

Avec ça, il y a une règle de priorité à respecter : un bateau recevant le vent de sa droite (Tribord amure) est prioritaire sur un bateau recevant le vent de sa gauche (Bâbord amure)...

Prenez 50 bateaux, mélangez toutes les règles évoquées, ajoutez un courant un tantinet taquin et vous obtiendrez un rappel général, de nombreux bateaux non identifiables ayant passé la ligne trop tôt.

Nouvelle procédure donc, où nous tirons très bien notre épingle du jeu en partant au comité, au vent des prototypes, ce qui est important pour éviter leur dévent. De nombreux bateaux de supporters assistent au départ, tout comme à Bourgenay, ce qui est vraiment sympa.

Les premières heures de course sont tout à notre avantage. nous avons pris le meilleur départ des bateaux de série et nous rivalisons pendant longtemps avec les prototypes dont l'avantage est moins flagrant dans ces conditions de demoiselles. Nous croisons même devant certains des favoris au gré des bords. Un must pour la confiance.

Pour ces prochaines heures, notre stratégie se résume à deux points : choisir autant que possible le bord rapprochant et éviter les zones de pétole (pas de vent) prévues le long de la côte espagnole et au Nord de la route.

Mais qu'est-ce donc que le bord rapprochant? Nous allons pile dans la direction d'où vient le vent. Mais près oblige, nous avançons à 50° de cette direction, pour avoir nos voiles suffisamment gonflées. Régulièrement, il faut donc virer pour recroiser la route directe. L'écart de trajectoire entre deux bords est donc d'environ 100°.

Sauf... que le vent n'est pas toujours régulier. Et qu'il oscille autour de sa direction principale. Si donc il prend 20° à droite, il vaut mieux se mettre en Tribord amure, l'angle par rapport à la route directe se limitant alors à 50-20=30°, ce qui permet de parcourir moins de chemin.

Le jeu est donc de suivre les variations du vent en virant à chaque rotation franche, afin de parcourir le moins de chemin possible... Facile à dire mais épuisant, car à chaque virement, il faut transférer tous les poids à l'intérieur du bateau d'un bord sur l'autre, soit environ 100 kilos, pendant que le bateau tape et que l'équilibre est plus que précaire. Un vrai parcours de santé :)

La première nuit, nous commettons l'erreur de trop nous focaliser sur cette stratégie et oublions un peu de décrypter les signes annonçant l'approche de la dorsale anticyclonique dans la mollesse de laquelle nous nous enfonçons.

La pétole s'installe et nos vitesses chutent. Nous nous hâtons avec lenteur alors que nos camarades de l'Est conservent du vent et avancent nettement plus vite...

Pour nous consoler, nous bénéficions d'une nuit extraordinaire, sans lune, sans un nuage, avec un ciel que seuls les marins ou les montagnards peuvent se figurer. La voie lactée ressemble à un nuage tant elle est lumineuse et les étoiles filantes zèbrent le ciel de leurs traînes impressionnantes, qui durent parfois plus de 5 secondes. Pas un concurrent en vue cette nuit là. La VHF marche mal et nous restons dans l'impossibilité de communiquer à distance. La solitude rend le spectacle encore plus grandiose.

Evènement de la journée de Dimanche : un globicéphale, tel le K de Dino Buzzati, suit paisiblement notre  Zébulon pendant de longs instants. Peut-être avait-il une perle à nous donner? En tout cas, c'est l'occasion pour nous de réaliser une petite vidéo sympathique et de noter sa position pour que les scientifiques puissent procéder à son recensement. Le vent revient timidement et nous permet de reprendre une vitesse plus sympathique.

Hors quelques dauphins peu joueurs vu la faible vitesse de Zébulon et un poisson lune à l'allure si cocasse, nous n'avons pas croisé d'autre faune. mais très nombreux sont les ministres qui ont vu des baleines ou des rorquals lors de cette traversée retour du golfe.

Dans la nuit de Dimanche à Lundi, nous croisons de nombreux bateaux, ce qui redonne un peu de piment à notre course. Isolés depuis deux jours, nous avions l'impression d'être derniers ou peu s'en faut... Nous constatons que nous avons une bonne vitesse et continuons à optimiser les réglages. Pour la vacation du matin, nous parvenons à faire relayer notre position par Henri, qui nous apprends que nos concurrents directs sont tous à l'Est, avec une avance visiblement conséquente. Pas question de se relâcher pour autant. Vu la complexité de la situation météo, tout peut arriver d'ici l'arrivée, même si le podium semble à priori perdu...

Lundi matin, un remorqueur tractant une barge supportant un pont (sisi, vous avez bien lu) nous oblige à un petit contre-bord pour l'éviter, la chose étant peu manoeuvrante.

La nuit de Lundi à Mardi apporte un changement de ton appréciable bien qu'inquiétant. Une perturbation orageuse s'installe sur la zone et s'évacue lentement par le Nord. Une partie de la nuit se passe donc sous les éclairs, chaque nuage apportant son lot de surprises. Tonnerre, éclairs, pluie diluvienne, calme plat, vent fort ou modéré. Les manœuvres s'enchaînent, nous débranchons l'électronique en tête de mât (l'aérien) afin de ne pas risquer de griller notre centrale gyroscopique si un éclair touche le mât. C'est un peu la guerre, c'est vaguement inquiétant, franchement grandiose par moments, et on avance enfin! Nous ratons le clin d'œil d'un coureur qui diffuse à la VHF un morceau collant à la situation : la horde sauvage d'Ennio Morricone. il faut vraiment que je fasse réparer cette VHF!

Mais après l'orage vient... le casse-tête. Le vent devient erratique. La loterie commence. Des bulles sans vent traînent sur le plan d'eau et le vent passe parfois de 0 à 25 nœuds en quelques minutes. Nous voyons des concurrents nous passer à 500 m de distance en avançant à 5 nœuds alors que notre bateau est arrêté voiles battantes. Rageant.

Cette journée est l'occasion de nombreux craquages, les conditions étant spécialement dures pour les nerfs. Promis, le montage vidéo ne les éliminera pas tous ;)

Toute la journée de Mardi s'écoule ainsi, à batailler pour chaque mètre, avant de nous réserver un final à suspens. les trois dernières heures se résument à une bataille avec plusieurs autres bateaux, tous convergeant vers l'arrivée mais chacun avançant avec un angle par rapport au vent différent. Plus question de dormir! L'arrivée sera géniale. Nous passons la ligne avec 12 s de retard sur un concurrent d'une autre catégorie après une dernière lutte fabuleuse. Il nous dépasse finalement en envoyant une voile que nous ne possédons pas dans la garde-robe du bateau et qui fait partie des évolutions que je veux apporter lors du chantier d'hiver : le Code 5. Sous gennaker, nous ne pouvons abattre autant et sommes battus sur le fil malgré une belle résistance. Tout ça est filmé et je vous enverrai le lien vers un petit montage ultérieurement

A l'arrivée au ponton, nous découvrons qu'il n'y a pas tant de bateaux amarrés. Renseignements pris, nous sommes 5ème de l'étape, assez proche en temps du 3ème. En revanche, les deux premiers, partisans de l'option Est, nous ont mis une "valise" et sont assurés des deux premières places du général, au temps cumulé des deux étapes! Félicitations à eux.

Mais pour la troisième place au général, tout dépend de l'horaire d'arrivée du 1er de la première étape... Sagement, nous allons attendre le résultat au bar, devant une bière bienvenue :)

Au final, nous sommes troisièmes, ce qui est top pour une première course au large sur le bateau. Le résultat doit beaucoup à Julien et j'ai appris énormément.

Ce week-end, première navigation en solitaire prévue pour convoyer le bateau de Port Bourgenay à la Rochelle. Encore une étape à franchir!

Merci encore à tous pour votre soutien. Je compte sur vous pour diffuser mon aventure auprès d'entreprises. C'est un super vecteur de communication interne et de relations publiques et c'est maintenant qu'il faut que j'engage un partenariat pour me donner vraiment les moyens de progresser.